l'action du regroupement

 

Le chant du lieu

 

Bilan réalisé par le Collectif Artistes, habitants, ex-salariés d'Ardom, associés

Avant-propos

Voici un bilan du chant du lieu mené par l’association Ardom dans la Drôme.

Cette association a, depuis la fin de cette opération, déposé le bilan sans rémunérer les 15 artistes et les associés engagés.


Le présent document a été co-écrit et validé par ses principaux acteurs : artistes, habitants et ex-salariés d’Ardom, collaborateurs aujourd’hui rassemblés et organisés en collectif indépendant de l’association Ardom et de sa directrice Christine Prisot (voir la présentation du Collectif en dernière page).

Il a pour objectif de remercier tous ceux qui ont aidé à réaliser cette opération et de rendre transparente autant que possible la situation actuelle.
Il nous permet aussi de dire combien il est important malgré tout d’encourager la mise en œuvre de ce type d’action, d’aller à la rencontre de populations et de territoires qui sont aujourd’hui à l’écart des réseaux culturels.

Enfin, nous souhaitons ainsi dire qu’il est nécessaire de dissocier d’une part les graves problèmes de gestion et la liquidation judiciaire d’Ardom et d’autre part la formidable réussite de cette entreprise artistique et humaine.

Nous vous remercions de votre lecture attentive.

C’est rare de pouvoir quitter ainsi les salles où l’on parle de théâtre de proximité pour le vivre vraiment.

Disons que l’on a vraiment vécu le théâtre comme lieu de l’échange.

On parlait d’un théâtre essentiel au quotidien, inscrit dans le paysage.

Finalement on a appris notre langue, dans ce qu’on croyait être notre étranger.

Claire RENGADE

Metteur en scène du Théâtre Craie, en résidence à Teyssières

Ceux qui ont participé

Les artistes en résidence

Claire Rengade, Franck Giraud, Olivier Mesnard, Olivier Turc, Bertarnd Larrieu, William Pellier, Elisabeth Calandry, Philippe Jaminet, François Davin, Jean-François Cavro, François Roux, Thierry Géhin.

Les artistes des Cafés-paysage

Yann Le Crouennec, Catherine Médico, Karine Soton

Les intervenants scientifiques associés

Bruno Poinas, Michèle Bois, Corinne Bourgery, Michel Valantin, Michel Smith, Claude Mesclon, Caroline Mollie-Stefulesco, Michel Buttaud, Georges Naud, Philippe Hanus, Jean-Olivier Majastre, Philippe Prévost.

Les établissements scolaires partenaires

Ecole de Beaurière, Luc-en-Diois, St-Gervais-sur-Roubion, Bonlieu-sur-Roubion, Beauvallon, Vesc, Montjoux et La Paillette. Collège de Die, Cléon d’Andran. Lycée horticole de Romans.

Et bien-sûr TOUS les habitants des trois villages

L’équipe d’Ardom

Et tous ceux qui, discrètement, ont apporté un précieux soutien.

Photographies de Medhi Mercier


Introduction

A l’automne 2001, onze artistes sont venus habiter et travailler pendant trois mois dans trois villages de la Drôme : Beaumont-en-Diois, Saint-Gervais-sur-Roubion et Teyssières.

Au lieu d’une hibernation coutumière à la vie de ces petits villages drômois, ce sont des foyers artistiques et d’échanges culturels qui se sont mis intensément en action : créations, évènements publics, rencontres, ateliers.

Multimédia, théâtre, conte, arts plastiques, arts paysagers, land art… les artistes en résidence ont été choisis à la fois pour la pertinence de leur recherche artistique et sur leur désir à partager un projet avec une population et un lieu, son histoire, sa géographie, ses particularités, son identité.

Les villages participants ont été de véritables acteurs et partenaires. Les habitants et les municipalités se sont très vite impliqués dans l’organisation et la gestion quotidiennes des projets artistiques qui leur étaient associés.

Et, depuis mars 2001, les rencontres régulières entre les artistes, les habitants et l’équipe d’Ardom ont provoqué de joyeux et houleux débats autour des points de vue, des attentes voire des réticences exprimées par tous. Ainsi chacun a pu s’approprier le projet artistique sur sa commune et y trouver sa place. Ces échanges ont également permis de questionner la place de l’art en dehors des réseaux habituels et loin des publics « avertis ».

Bourse aux plantes, exposition multimédia, forums scientifiques, interventions contées, spectacles à travers champs, lectures chez l’habitant, installation vidéo-son dans une église, dégustation poétique de vins, ballades ethnobotaniques, ont jalonné les résidences de manière à rendre visible le travail en cours et à se rencontrer.

A la fin du temps des résidences, trois week-end successifs ont permis de montrer les créations finales dans chaque village, en présence d’un public nombreux. Les salles des fêtes ont été transformées en Cafés éphémères scénographiés par des artistes drômois. Dans ces lieux de rencontres des cafés-débats scientifiques se sont déroulés, traitant de thèmes propres aux villages et à leurs caractéristiques : la gestion du paysage et de l’aménagement, les identités culturelles locales, le rôle d’un projet artistique comme révélateur de ces aspects.

Aujourd’hui l’histoire du Chant du lieu continue dans ces villages, de nouveaux liens se sont créés entre habitants, les chantiers paysagers se poursuivent à St-Gervais tous les samedis, les Nuits blanches de la lune noire sont organisées spontanément par les habitants de Teyssières, les artistes reviennent, des amitiés sont nées, des projets se discutent, la « graine est semée ».

Le chant du lieu à Teyssières vu par ses habitants

Teyssières

Commune à l’habitat dispersé en 6 hameaux et une dizaine de maisons isolées, elle est répartie sur un territoire de près de 3000 hectares et compte 64 habitants.

Les activités y sont essentiellement agricoles ; pas de commerce, quelques artisans, une auberge ; sur les 57 logements, la moitié sont des résidences secondaires.

Le Chant du lieu à Teyssières 

En raison de l’intérêt manifesté par les habitants, dont une vingtaine participent à la présentation du projet par Ardom le 23 janvier 2001, le maire donne un accord de principe. Dans sa séance du 13 avril 2001, le conseil municipal de Teyssières décide de soutenir financièrement ce projet de résidences d’artistes et d’y participer activement, celui-ci intéressant également la Communauté de communes « Le Pays de Dieulefit ». Cette entreprise artistique et culturelle présentait pour les habitants l’intérêt d’un but fédérateur ; en effet, l’objectif essentiel était de se rencontrer, travailler et parler ensemble, créer avec les artistes  autour des manifestations proposées.

La presse régionale se fait largement l’écho de ce qui se passe à Teyssières tout au long de l’automne, de même que FR3 et France-Culture.

Grâce aux compétences, au travail, au dynamisme, à l’énergie, à la créativité, tant des artistes que de l’équipe d’Ardom et des habitants de Teyssières, l’objectif est atteint au delà de toute espérance. Tous les habitants qui ont participé au projet peuvent en témoigner, y compris ceux qui avaient manifesté des réticences au départ, en raison de son caractère novateur parfois déroutant.

La Chant du lieu laisse aux teyssierois le savoir des anciens, l’expression des corps et des mots, le talent de chacun, tous les jours renouvelé.

La réussite magnifique du chant du lieu à Teyssières, où vit 1% de la population du canton, témoigne, s’il en était besoin, de la vitalité et de la volonté des habitants du Pays de Dieulefit pour peu qu’un projet leur tienne à cœur.

Les habitants de Teyssières


François Davin

Là où le ciel s’est posé sur la terre

Résidence à Teyssières

Plasticien-sculpteur, résident dans la Meuse.

F. Davin se consacre depuis bientôt vingt ans à des installations dans la nature, en interrogeant la mémoire des lieux, leurs fonctions et leurs usagers. Il met l’accent sur le dialogue entre l’œuvre et son environnement culturel et humain. A chacune de ses interventions, la participation de la population locale dans l’élaboration de ses projets est primordiale et donne tout leur sens aux réalisations.

Le projet artistique

Inventer un mythe fondateur de Teyssières, matérialisé par des traces visuelles dans tous les hameaux.

« Un jour, le ciel, fatigué de se tenir bien tendu là-haut, choisit les vallées de Teyssières pour s’y reposer un moment. Il se pencha, s’accrocha aux coteaux comme il put, et se reposa. Mais pendant ce temps, il s’en passa des choses dans les hameaux, et lorsque le ciel dut reprendre sa position, là-haut, il laissa aux quatre coins de la commune, des signes de son passage. Ces signes rappellent les faits qui se sont produits là, le jour où le ciel s’est posé sur la terre… ». C’est ainsi que commence l’histoire initiée par François Davin.

Autour d’un projet commun son objectif est de réunir la constellation des habitants et des hameaux éparpillés du village, et qui ont surtout le ciel en commun.

Pour lancer cette histoire unique et fédératrice, François invite les habitants à organiser des « veillées légendaires » où ils inventeront collectivement les origines de ces mystérieuses traces que l’on peut voir aujourd’hui. Ces veillées sont l’occasion pour les villageois de se réunir autour d’un verre et de se raconter des histoires, soit vécues, soit imaginaires. Ce sont ces légendes que l’on retrouve aujourd’hui écrites à l’entrée de chaque hameau.

Les traces sont visibles de manière permanente mais on peut également les visiter lors des Nuits blanches de la lune noire, visites nocturnes et poétiques accompagnées à la torche par les habitants jusqu’à mars 2002.

Réalisations

Les « veillées légendaires » chez l’habitant dans chaque hameau du village

Une trace sculptée réalisée dans chaque hameau avec le soutien logistique des habitants

L’implantation de panneaux restituant le projet artistique et les légendes inventées

Les Nuits blanches de la lune noire : elles ont lieu chaque mois à chaque lune noire entre septembre 2001 et mars 2002.

Une intervention dans les trois écoles du pays de Teyssières


Le Théâtre Craie

« Corps plongés dans un village »

avec Claire Rengade, Olivier Mesnard, Franck Giraud, Olivier Turc et Bertrand Larrieu.

Résidence à Teyssières

Le Théâtre Craie est une jeune compagnie lyonnaise travaillant sur le théâtre contemporain, à partir de textes d’auteurs et de textes écrits par Claire Rengade, metteur-en-scène de la Cie.

Le théâtre est pour eux un acte public, social et citoyen, un théâtre de proximité qui doit sortir des murs et s’inscrire dans le paysage. La Cie souhaite aujourd’hui favoriser son implantation en milieu rural et engager des échanges fructueux avec la population et le territoire.

Le projet artistique

Une découverte de Teyssières comme on partirait dans un voyage au long cours

« Vivre en milieu rural, c’est partir à l’étranger quand on ne connaît rien d’autre que la ville. Un voyage au fil de l’eau puisque le Lez traçait des routes partout dans la carte de Teyssières et qu’il y pleuvait beaucoup quand on préparait le projet. En plus ce village était vraiment découpé en îles avec tous ces hameaux dispersés ».

Pendant trois mois, les comédiens -voyageurs explorent la commune, rencontrent les habitants, glanent les histoires, grimpent les montagnes, écrivent, jouent, mènent des ateliers.

Les Escales endimanchées, interventions théâtrales à géométrie variable, accompagnent le public à travers des déambulations entre champs et hameaux, et au fil des textes d’écrivains voyageurs et des paroles d’habitants entendues. William Pellier, écrivain lyonnais, prête une plume distanciée et amusée à l’aventure du Théâtre Craie en pays drômois. Interventions qui se veulent participatives, les membres de l’atelier-théâtre participent à la dernière escale et le public, ragaillardi par cette ballade surréaliste, se retrouve à la fin pour un buffet géant où l’on goûte les plats typiques inventés par les habitants de Teyssières.

Le spectacle final « Corps plongés dans un village » est largement inspiré des violentes inondations de 1993 à Teyssières racontées avec émotion par les villageois. Le public vogue entre une histoire quasi-surréaliste de Teyssières, témoignages d’habitants enregistrés à l’appui, et une histoire du Titanic revue par l’écrivain Patrick Kermann.

Réalisations

Une création théâtrale à l’église de Teyssières : « Corps plongés dans un village »

Un spectacle de rue « Roger Cordial », pour présenter la Cie le premier jour de la résidence

Deux « Escales endimanchées », spectacles déambulatoires à travers les hameaux

 « Je n’ai pas grand chose à dire à propos de la campagne », lectures dans les villages alentour

Un atelier dans une école pour enfants inadaptés

Des interventions et un mini-spectacle dans les trois écoles du pays de Teyssières

Un atelier théâtre, enfants et adultes, à Teyssières


La Chant du lieu à Saint-Gervais-sur-Roubion vu par ses habitants

Saint-Gervais-sur-Roubion

A l’écart des grands axes, au centre de la Valdaine, le village de Saint-Gervais sur Roubion (717 habitants) a lentement perdu de son activité, abandonnant commerces et agriculteurs au profit d’un lotissement grandissant et de résidences secondaires.

Cette perspective d’engourdissement¸ malgré le maintien d’un tissu associatif, cette espèce de handicap, est devenu un atout, une sorte de friche idéale pour expérimenter un projet de résidence artistique autour des thèmes « paysage, environnement, identités » proposés par Ardom.

Dès les premiers contacts, quelques membres actifs de l’association locale « Art et Culture » ont soutenu le projet qui leur a semblé attractif par ce côté innovant d’échanges habitants-artistes.

Le Chant du lieu à St-Gervais

30 novembre 2000 : l’association Ardom présente le projet à une population curieuse mais « sceptique ». Les questions fusent.

Début mars 2001 : les 5 artistes (ou groupe d’artistes) pré-sélectionnés font connaissance avec le village.

2 avril : sélection d’Elisabeth Calandry, conteuse, et de Philippe Jaminet, plasticien-jardinier, deux habitants du village faisant partie du jury.

23 mai : présentation officielle aux habitants des deux artistes et de leurs projets.

De juin à septembre 2001 : les artistes viennent épisodiquement sur la commune pour des contacts, des investigations et des échanges toujours fructueux.

8 septembre 2001 : lancement officiel des résidences.

A partir de là, le projet allait pouvoir se concrétiser dans une suite de rencontres autour des thèmes constituant l’identité du lieu : le vin, le vent, le végétal, l’architecture, la mémoire et le récit… La qualité et la permanence des échanges habitants-artistes ont été la clé de son succès. Des voies se sont ouvertes : naissance d’une association patrimoine jusqu’alors en gestation, création d’un sentier botanique, projet d’ouverture d’ateliers contes.

En conclusion, on peut dire que Saint-Gervais s’est lancé dans l’aventure « Le chant du lieu » tout simplement parce que c’était une aventure dans laquelle chacun pouvait être acteur, avec l’intensité qu’il souhaitait, une aventure qui a rassemblé « nos » artistes et un grand nombre de Gervaisiens autour d’un projet commun, un projet dans lequel se sont retrouvés tout naturellement liés le rêve et la réalité.

Les habitants de St-Gervais


Philippe Jaminet

Saint-Gervais, côté jardin

Avec l’aide de Michel Watteblade, plasticien

En résidence à St-Gervais-sur-Roubion

Philippe Jaminet, plasticien du paysage, pourrait aussi être qualifié de jardinier itinérant : où il se trouve, il trouve son atelier. Ses interventions sur la nature, toujours d’une grande délicatesse, cherchent à questionner le regard que l’on pose sur son espace quotidien, à révéler des éléments naturels cachés ou oubliés, à jouer le décalage pour mieux faire voir, à rendre poétique des éléments du quotidien. Philippe intègre souvent le vent et le soleil comme complices de ses créations.

Le projet artistique

Poser un regard poétique et scientifique sur l’aménagement végétal de St-Gervais

Avec l’aide de Michel Valantin, ethnobotaniste, Philippe observe les espèces végétales existantes à St-Gervais, les types d’aménagements possibles pour mettre en valeur une richesse méconnue, ou enrichir l’existant par des apports extérieurs. Un arc-en-ciel à l’entrée du village, la taille en nuage de la haie du cimetière, l’organisation d’une Bourse aux plantes, les éoliennes sur les grilles du jardin de l’école fabriquées avec les enfants, ce sont autant d’appels à poser un regard décalé et poétique sur le lieu. De nombreux villageois sont sensibles à cette transformation de leur village, c’est avec eux que Philippe envisage ses projets et partage ses réflexions au quotidien.

La résidence s’achève par des visites guidées publiques, où l’on découvre les petites choses du quotidien, mises en scènes avec humour et poésie, ou des installations plastiques volontaires de l’artiste : une étiquette apposée sur un tuyau PVC d’où sort une pousse dont la hauteur atteindra 30m, trois topiaires symbolisant un jardin à la française dans son plus simple appareil, le « musée », exposition de débris de la vie quotidienne trouvés sous la placette. Et puis des jeux de lumière à travers des paravents faits de filins argentés dans un verger, un champs de girouettes colorées et une colonne d’air musicale jouant avec le vent.

Le travail du jardin et de la nature est un compagnon du temps et Philippe revient régulièrement à St-Gervais pour veiller à la pousse des plantes et au développement des aménagements, en collaboration avec l’association locale Muralis.

Réalisations

Visite commentée des aménagements artistiques et végétaux du village

Réalisation d’une exposition permanente évoquant l’élaboration du projet artistique

Organisation d’évènements locaux à vocation de rencontre avec les habitants : Bourse aux plantes et Fête du vin

Aide à la naissance de l’association locale Muralis et conseil permanent auprès de ses membres (association ayant pour objectif la rénovation du patrimoine de St-Gervais).

Atelier sur le thème du jardin avec les enfants de l’école

Intervention in situ avec le lycée horticole de Romans


Elisabeth Calandry

Place des Fourmis

En résidence à St-Gervais-sur-Roubion

Elisabeth Calandry raconte beaucoup, à la fois pour les enfants et pour les adultes, à travers des contes venus de l’Europe, d’Amérique du Sud, d’Afrique, des pays arabes… Son ouverture aux histoires du monde enrichit son vocabulaire autour du récit et de la tradition orale. Elle adapte et adopte des contes populaires, légendes, devinettes, mythes, petits bouts de vie ou mensonges divers, et se passionne par la vie quotidienne des gens.

Le projet artistique

Créer un spectacle tous publics à partir de récits entendus, vécus, inspirés par son séjour à St-Gervais.

« Pour un automne, ce village a été mon centre du monde, j’ai écouté, j’ai goûté, j’ai trié, j’ai mâché et voilà… ». Petits bouts de vie, légendes, anecdotes, comptines et mensonges divers composent le spectacle « Place des fourmis ». Un spectacle de conte étant un jeu avec le public, Elisabeth se dit à la fois « honorée et émue » par la façon dont les habitants ont reçu sa version de leur(s) histoire(s). Et puis il y a toutes ces rencontres au coin d’une rue ou chez l’habitant, au bistrot, au club du 3ème âge ou dans la cour de l’école, qui sont de véritables sources de collectage et d’inspiration.

Les échanges avec Philippe Jaminet ont également été fructueux et propices aux rencontres. A l’occasion de la Bourse aux plantes ou de la Fête du vin nouveau, Elisabeth a conté des histoires de jardins ou de boissons, venant d’autres pays et d’autres cultures.

« Elisabeth a tricoté mille et une histoires de Saint-Gervais (…) Une odyssée qui s’accroche au cœur des habitants et donne envie d’écouter ses voisins » (Dauphine Libéré)

Réalisations

Création-spectacle « Place des fourmis »

3 spectacles de contes présentés pendant la résidence

Participation aux évènements locaux, comme le « Troc d’histoires » lors de la foire annuelle

Atelier d’initiation au conte pour les adultes de Saint-Gervais

Interventions régulières à l’école et au Collège


Le chant du lieu à Beaumont-en-Diois vu par ses habitants

Beaumont-en-Diois

Le village compte 80 habitants permanents dont 80% sont des « néo-ruraux » installés pour les plus anciens depuis 20 ans.

L’habitat y est dispersé au gré de trois combes qui sillonnent le territoire communal. La question de l’identité de ce village se pose de façon cruciale du fait que sa population s’est pratiquement entièrement renouvelée depuis les années 70. C’est pourquoi la commune de Beaumont s’est engagée dans le projet Le chant du lieu qui présentait l’opportunité d’effectuer un travail sur son identité, aidée en cela par le regard d’artistes venus de l’extérieur.

Le chant du lieu à Beaumont

Le collectif artistique O.V.T.L.N a élu résidence sur la commune entre le 2 septembre et le 24 novembre 2001. Au travers de portraits sonores des habitants volontaires pour l’expérience, au travers d’images des habitations et des paysages, ces trois artistes ont tracé, ont concrétisé une œuvre, témoignage plein d’émotions et de pertinence de l’identité de Beaumont en cette fin 2001. Cette résidence a été l’occasion de multiples rencontres entre artistes et villageois, et entre villageois, qui ont contribué au renforcement du lien social sur le village. La disponibilité, la discrétion, le tact des artistes, la qualité des échanges collectifs durant ces trois mois font de cette résidence une expérience riche d’humanité et de l’émergence de la conscience villageoise. Les membres de l’équipe d’Ardom ont patiemment aidé à tisser de larges pans de vie collective à Beaumont.

Deux mois après la présentation des spectacles, il reste à Beaumont de solides liens avec ces différents visiteurs qui, depuis, sont revenus au village en amis, il reste un document d’une qualité exceptionnelle tant sur le plan artistique, émotionnel, que de la mémoire villageoise, et enfin une nouvelle dynamique de vie collective et solidaire.

Les habitants de Beaumont


O.V.(T).L.N

Por(t)rai(t)s

En résidence à Beaumont-en-Diois

François Roux, compositeur électro-acousticien

Jean-François Cavro, compositeur électro-acousticien

Thierry Géhin, plasticien-vidéaste

O.V.(T).L.N est un collectif travaillant sur les matériaux fugaces et éphémères : les images, les sons, les mouvements, le temps. Les compositeurs du collectif travaillent essentiellement sur des œuvres appartenant au quotidien, questionnant l’identité et la mémoire des lieux et des hommes. Les artistes utilisent à la fois des outils traditionnels comme la photo et aussi des outils actuels comme la vidéo et les technologies informatiques de création sonore.

Le projet artistique

Un portrait vidéo et sonore de l’identité d’un village à travers ses habitants

Por(t)rai(t)s est une œuvre quasi-documentaire sur la mémoire de Beaumont, mémoire du passée mais aussi dans une prospective du futur, d’une mémoire à venir.

Par la parole, le son et l’image, les artistes éclairent les spectateurs sur les évènements historiques, sociaux, politiques, économiques liés au village ou à l’intimité de chacun.

Les trois mois de résidence ont permis de récolter, par voie d’enregistrement, des paroles d’habitants, des images du villages et des maisons. Comment je suis arrivé dans ce village ? Pour quel choix de vie? Comment la vie s’organise t-elle collectivement ? Quelle est ma place ? Quel est l’avenir du village?…

Tout ce matériau, aujourd’hui conséquent de plusieurs centaines d’heures d’enregistrement, restera en archive à la mairie de Beaumont, comme on pourrait garder un album photo pour se remémmorer le temps passé.

Mais ici, pas de nostalgie. Un portrait saisissant du présent dressant aussi les voies du futur.

Réalisations

Spectacle-installation vidéo et sonore à l’église de Beaumont

Portraits sonores des habitants, interviews

Portraits vidéos des habitations

Installation d’un studio informatique dans le village, ouvert aux habitants

CDRom qui présente le projet et l’événement public, distribués à tous les habitants

Ateliers dans les écoles du canton et au Collège de Die

En projet : diffusion des paroles d’habitants en partenariat avec des radios locales


Cafés-paysage

A l’occasion des trois week-end festifs présentant les créations originales des artistes en résidence, un café éphémère et artistique est scénographié par trois artistes drômois dans la salle des fêtes de chaque village.

Le Café-paysage est un lieu de restauration, de rencontre conviviale entre artistes, habitants et publics.

C’est également le lieu des cafés-débats scientifiques qui se sont déroulés chaque week-end, sur des thèmes définis, en lien avec les caractéristiques du village.

Les propositions scénographiques de ces artistes suggèrent le lien avec le thème du café-débat de chaque village.

Beaumont-en-Diois

Thème du Café-paysage : paysage habité, habitant et citoyen d’un paysage.

Intervenants scientifiques : Georges Naud, géologue et Philippe Hanus, historien

Scénographie de Catherine Médico, artiste résidant à Die

Réalisation artistique : Catherine conçoit le Café comme un nid d’oiseaux-jardiniers, une espèce d’oiseaux qui utilise des objets d’une même couleur pour construire leur nid.

Le nid de Beaumont est totalement en bleu avec des coins moelleux pour s’asseoir, des espaces intimes de détente autour de tabourets et de tables basses. Les murs sont recouverts de branchages et de feuillages.L’espace est feutré, le bleu nous envahit. La salle des fêtes devient un espace protégé rappelant la présence du bois et de la forêt tout autour et le lien fort que les habitants de Beaumont entretiennent avec la nature.

Saint-Gervais-sur-Roubion

Thème du Café-paysage : Paysage intime, espace public

Intervenants scientifiques : Caroline Mollie-Stefulesco, paysagiste et Michel Buttaud, architecte

Scénographie de Karine Soton, artiste résidant à Montéléger

Réalisation artistique : dans une grande salle impersonnelle, Karine recréé un espace intime par la réalisation d’un espace circulaire autour duquel sont suspendus des écrans de textile : carrés de tissu finement découpés et ciselés alternent avec des panneaux en calque projetant des ombres chinoises ou superposant des végétaux.

Des reflets aquatiques projetés sur deux écrans rappellent la présence forte de la rivière dans le village. Pour pénétrer dans le lieu, le public traverse une multitude de bandes transparentes suspendues, entrée sensuelle et déroutante.

Teyssières

Thème du Café-paysage : Paysan et artiste, évolution du travail et de la représentation sociale

Intervenants scientifiques : Jean-Olivier Majastre, sociologue et Philippe Prévost, agronome

Scénographie de Yann Le Crouhennec, artiste résidant à St-Roman

Réalisation artistique : Yann transforme l’espace de la salle des fêtes y compris de ses abords extérieurs, en intégrant l’arrivée du public par la cour. Un éclairage extérieur, une guirlande de ceps de vigne sur la façade, des franges de papier pénétrables, accueillent le public.

A l’intérieur, les ceps sont encadrés sur le fond noir des tissus recouvrant toute la salle, révélés comme des tableaux par un éclairage intimiste. Une vidéo projette en continu des plans fixes du paysage environnant, lien entre intérieur et extérieur, qui questionne le regard sur notre environnement proche.


Calendrier de toutes les actions menées

 

Qui est le Collectif ?

Le Collectif rassemble les artistes, habitants et associés ayant participé au Chant du lieu, ainsi que les ex-salariés de l’association Ardom indépendamment de son ex-directrice Christine Prisot.

Ce Collectif s’est constitué en décembre 2001 suite au licenciement brutal de tous les salariés d’Ardom et à la non rémunération de tous les artistes et associés à l’opération Le Chant du lieu.

Il se réunit régulièrement afin de

-              s’informer sur l’état de la situation et trouver ensemble des solutions

-              envisager les recours juridiques nécessaires afin de recouvrir les impayés (les chances étant infimes)

-              communiquer le plus largement possible sur cette situation et plus globalement sur des questions de fonds qu’elle soulève dans le montage et la gestion de projets culturels

-              défendre fortement ce type d’opération qu’est Le chant du lieu et la place de l’artiste dans ces territoires et proche de la population

Voici la liste de ses membres :

Les artistes :

La Cie Théâtre Craie, Philippe Jaminet, Elisabeth Calandry, Le collectif OVTLN, François Davin, Karine Soton, Catherine Médico, Yann Lecrouennec

Les associés :

Colette Jacquot, chargée de communication

Àrnaud et Cécile Jarsaillon, graphistes

Medhi Mercier, photographe

Des repésentants des habitants des villages concernés :

Thérèse Duforets, Nicole Pedley, Jérôme Guerry de St-Gervais-sur-Roubion

Isabelle Blas et Frédo de Beaumont-en-Diois

Marie-Cécile Tache, Annie et François Velten, Marie-Laure, Edith et Yvon Tilloy de Teyssières

Les ex-salariés d’Ardom :

Elisa Dumay, Bernardo Costa, Julien Doyen, Dominique Aussage, Pernette Benard

Communautés de communes :

Patricia Stadler, Cté de Comm. du Pays de Dieulefit

Danièle Chauvin, Cté de Comm. du Pays de Marsanne

Le soutiens extérieurs :

Le Regroupement des Compagnies, la Compagnie des trois huit (Lyon), le Train-Théâtre

Pour joindre le Collectif :

Elisa Dumay,nommée représentante du collectif

06 74 50 57 11 / email : edumay@voila.fr

Colette Jacquot au 06 09 77 49 77 / email : colette.jacquot@libertysurf.fr